Electricité: le charbon plus radioactif que le nucléaire
Le 10 février 2017 par Valéry Laramée de Tannenberg
Rakusen/UK COAL
Gros émetteur de radon, le cycle du charbon plombe le bilan nucléaire de la principale filière mondiale de production d’électricité, souligne l’Unscear.
Mauvais karma pour le charbon. Désormais, ce ne sont plus les adorateurs du climat qui vont vouloir la peau de King Coal mais aussi les médecins. Certes, ces derniers ont déjà, à maintes reprises, tiré la sonnette d’alarme à propos des effets sur le système respiratoire des particules carbonées.
Bilan sanitaire
En octobre dernier, 60.000 professionnels de santé britannique signaient une pétition réclamant l’arrêt des centrales au charbon du royaume, responsables à leurs yeux de 3.000 décès prématurés par an.
Plus récemment, une étude de chercheurs de l’université de Harvard a montré que la construction de nouvelles installations en Asie du Sud-Est pourrait tripler le nombre de décès liés à la pollution de l’air.
Cette fois, il ne s’agit plus de particules fines, mais radioactives. Vingt-quatre ans après sa dernière étude sur le sujet, le Comité scientifique des Nations unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants (Unscear) a réévalué la contamination radioactive du public et des travailleurs par le système électrique. Dit autrement, quelle dose de radiation les personnes exploitant les centrales (et assurant leur approvisionnement en combustible) et les riverains reçoivent-ils?
Le niveau de rayonnement par filières[1]
|
Charbon |
Gaz |
Fioul |
Géothermie |
PV |
éolien |
Biomasse |
Démantèlement |
n.c. |
|
n.c. |
n.c. |
n.c. |
n.c. |
n.c. |
Activités minières |
7 |
3 |
n.c. |
n.c. |
n.c. |
n.c. |
n.c. |
émissions totales |
677 à 1407 |
58 |
0,03 |
5 à 160 |
n.c. |
n.c. |
0,4 |
Source : Unscear
Dans le volumineux rapport qu’il a mis en ligne jeudi 9 février, l’Unscear évalue les émissions, amont et aval (de la mine à la cheminée) des modes de production d’électricité les plus courants: centrales au charbon, à gaz et au fioul, réacteurs nucléaires, éoliennes, fermes solaires, chaudières à biomasse et centrales à géothermie profonde.
Dose collective
Si, globalement, les niveaux restent faibles, force est de constater que les centrales au charbon sont de loin les plus émettrices (via le radon). Selon qu’il s’agisse d’une vieille installation ou d’une centrale dernier cri, les niveaux de doses collectives oscillent entre 1.400 et 670 homme-sievert par gigawatt (homme.mSv/GW) installé[2]. A comparer à une tranche nucléaire (130 homme.mSv/GW) ou à une centrale à gaz (55 homme.mSv/GW).
Et les renouvelables? Elles ne sont pas exemptes de tout reproche. Les travaux de construction et d’extraction de minerai font monter leur niveau d’émission entre 0,4 et 4 homme.mSv/GW.
Surprise géothermique
Seule surprise: la géothermie. Les émanations de radon de ses forages peuvent faire bondir le niveau de radiation à un niveau supérieur à celui d’un réacteur. Les rédacteurs notent toutefois que le nombre de centrales à géothermie étant très réduit, le risque de contamination du public est des plus faibles.
Plus émetteur par gigawatt installé, le charbon l’est aussi globalement: 40% de l’électricité mondiale reste produite par des centrales de ce type, contre 13% pour l’énergie nucléaire, rappelle le comité onusien. «Le comité a estimé que le cycle du charbon contribue pour plus de la moitié à la dose collective imputable à la production d’électricité, tant au niveau local que régional», concluent les rapporteurs.
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