Dunkerque: futur centre européen du captage de CO2?
Le 28 mai 2019 par Valéry Laramée de Tannenberg
Statoil
L’Institut français du pétrole et des énergies nouvelles (IFPEN) annonce le lancement d’un programme de captage de gaz carbonique industriel à bas coût.
Le captage et séquestration du CO2 reprend du poil de la bête. Après des années de léthargie, la technique reine de réduction des émissions carbonées de gros sites industriels voit s’ouvrir de nouvelles perspectives. Après le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), au tour de son concurrent direct français, l’IFPEN, de présenter son projet.
Baptisé 3D, il vise à mettre en service, vers 2021, une unité de captage de CO2 sur le site de l’usine sidérurgique d’ArcelorMittal de Dunkerque. Contrairement aux technologies classiques de captage de CO2, le procédé DMX n’utilise pas un, mais plusieurs solvants aux amines. «Composé de plusieurs molécules, le solvant DMX n’a pas besoin d’être autant régénéré que les solvants classiques aux amines», précise Florence Delprat-Jannaud, responsable du programme à l’IFPEN.
Important, si l’on se souvient que la régénération du solvant est une opération énergivore et donc coûteuse. Le procédé breveté par l’ex-institut français du pétrole délivre en outre un gaz carbonique à 6 bars de pression, ce qui réduit par la suite les coûts de la compression avant transport.
coût en baisse
Au total, les seuls coûts du captage du DMX pourraient être inférieurs de 30 à 40% à ceux déployés par Statoil, par exemple, sur ses plateformes gazières.
L’unité-pilote dunkerquoise sera dimensionnée pour séparer 500 kilogrammes de CO2 par heure des effluents gazeux de l’aciérie.
Si l’expérimentation s’avère concluante, les industriels partenaires (ArcelorMittal, Total) prévoient de concevoir à Dunkerque un hub du captage du CO2 industriel. En commençant par mettre en service une unité de captage à grand débit sur les hauts fourneaux d’ArcelorMittal (1 million de tonnes de CO2 par an). Une dizaine d’autres pourraient suivre. Le gaz carbonique serait ensuite acheminé (par gazoduc ou navire spécialisé) vers des sites d’injection sous-marins, au large des Pays-Bas ou de la Norvège. Partenaire du projet, Total est aussi partie prenante du projet Northern Lights qui prévoit d’injecter du CO2 dans une structure géologique sous-marine, au large des côtes occidentales norvégiennes.
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