Climat: de la mobilisation, mais peu d’action à New York
Le 28 septembre 2015 par Valéry Laramée de Tannenberg
ONU
Ban Ki-Moon n’aura pas ménagé ses efforts pour poursuivre la mobilisation climatique engagée en septembre 2014. En fin de semaine passée, le secrétaire général des Nations unies a engagé les chefs d’Etat et de gouvernement à renforcer leurs actions pour stabiliser le réchauffement; n’hésitant pas, pour convaincre, à accepter le renfort de personnalités, comme le pape François ou la chanteuse Shakira.
Malgré de nombreux discours sur le climat, la 70e assemblée générale de l’ONU n’a recueilli que peu de nouvelles promesses. A la tribune, Dilma Roussef, sa présidente, a toutefois présenté les grandes lignes de la contribution nationale volontaire du Brésil (INDC). Son but est ambitieux: réduire de 37% ses émissions de gaz à effet de serre entre 2005 et 2025. Pour atteindre pareil objectif[1], Brasilía prévoit d’intensifier l’usage des énergies renouvelables et de stopper la déforestation de la forêt amazonienne.
Actions contradictoires
Ces deux actions peuvent néanmoins paraître contradictoires. Produire, à partir de renouvelables, 18% de l’énergie qui sera consommée en 2030 implique de développer fortement l’usage des agrocarburants, dont le Brésil est déjà gros consommateur. Aussi, bien des terres déforestées risquent d’être reconverties… en plantations de cannes ou d’oléagineux. Ce qui tombe plutôt bien: l’INDC brésilienne prévoit justement de replanter ou de restaurer 27 millions d’hectares de friches d’ici à 2030. De quoi nourrir pas mal de moteurs.
milliards français et britanniques
Les dirigeants des pays les plus riches entendent bien donner du grain à moudre aux négociateurs. Lundi 28 septembre, le président de la République a annoncé un accroissement de l’aide publique française. Celle-ci pourrait passer de 8 à 12 milliards d’euros après 2020, a indiqué François Hollande. Environ 3 milliards d'euros par an seront spécialement alloués à la lutte contre les effets du réchauffement. Cette manne, a précisé le locataire de l'Elysée, sera constituée de dons et de prêts.
Le Premier ministre britannique s’est engagé dans la piste ouverte par le chef de l’Etat français. Le montant de l’aide internationale britannique pour le climat atteindra 5,8 milliards de livres (7,8 Md€) pour la période 2016-2021, a indiqué David Cameron. Trop peu, sans doute, mais mieux que le budget actuel: 3,87 Md£ (5,24 Md€) (2011-2016).
en route vers 3,5 °C
Aujourd’hui, 70 pays ont déposé à l’ONU leur contribution nationale volontaire. Hélas, souligne une analyse réalisée par Climate Interactive, tous ces engagements permettent de limiter à 3,5 °C le réchauffement d’ici la fin du siècle. C’est mieux que le scénario tendanciel: 4,5 °C. Mais bien loin de l’objectif que s’est assigné la communauté internationale: 2 °C. La route est encore longue jusqu’à l’accord de Paris.
[1] Le Brésil est le seul pays émergent à se fixer un objectif de réduction d’émission en valeur absolue.
POUR ALLER PLUS LOIN
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