Chasse: condamnations pour destruction d’espèces protégées
Le 02 décembre 2016 par Marine Jobert
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Onze chasseurs landais et deux ex-responsables de la Fédération des chasseurs de Haute-Saône ont été condamnés en première instance pour destruction d’espèces protégées.
Il y aura appel, mais la famille de la chasse vient de prendre un coup. Le premier est parti de Vesoul, où le tribunal correctionnel a condamné deux ex-cadres de la Fédération des chasseurs de Haute-Saône à un an de prison ferme et à 5.000 euros d’amende. La justice les poursuivait pour destruction d’espèces protégées sur un terrain de la Fédération des chasseurs à Noroy-le-Bourg, près de Vesoul.
252 animaux tués
Comme le raconte la Ligue de protection des oiseaux (LPO) (dont l’antenne régionale était partie civile auprès de 7 autres associations de protection de la nature), la Fédération des chasseurs de Haute-Saône avait aménagé un terrain de 56 hectares pour y favoriser la présence du petit gibier. Afin de permettre aux faisans ou aux lapins de proliférer, des pièges avaient été installés pour les espèces dites ‘nuisibles’ comme les renards, martres ou fouines. D’autres prédateurs, protégés, étaient aussi capturés par les pièges et éliminés. Pendant près de trois ans, près de 252 mammifères et rapaces tels que des chats forestiers, buses, éperviers… ont ainsi été détruits, tirés, piégés ou empoisonnés, a estimé la justice. La LPO a «applaudi cette décision singulière à l’égard de deux cadres d’une Fédération des chasseurs (agréée par ailleurs au titre de la protection de la nature)» et espère qu’elle sera «exemplaire».
Amendes pour 11 braconniers
La seconde décharge est venue de Mont-de-Marsan (Landes), où le tribunal correctionnel a sanctionné 11 chasseurs qui avaient capturé des bruants ortolans et braconné des pinsons fin 2015. Chaque braconnier est condamné à 1.000 € d’amendes et devra verser 300 à 400 € de dommages et intérêts à la LPO qui s’était constituée partie civile. Leur permis de chasse leur a été retiré pour trois mois et leurs matoles devront être détruites.
Incitations au braconnage
«Ces condamnations sonnent le glas d’une soi-disant ‘tolérance’ de la part de l’Etat vis-à-vis de ces pratiques délictuelles d’un autre âge, estime la LPO. Souhaitons que la poignée d’élus et de responsables cynégétiques qui ont encouragé ces exactions -et ne sont pas, eux, inquiétés par la justice- cessent enfin leurs encouragements publics à braconner.» Lors de l’audience, certains prévenus avaient expliqué avoir été encouragés par leur fédération de chasse et par le sénateur socialiste Jean-Louis Carrère à transgresser ces interdictions de chasse, au titre d’une tolérance des autorités. En août 2016, une manifestation avait rassemblé près de 2.000 personnes devant la préfecture des Landes, pour réclamer notamment le droit de chasser ces espèces menacées et protégées.
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