Bras de fer européen sur les énergies renouvelables
Le 08 mars 2007 par Bérangère Lepetit
Le Conseil européen de printemps s'ouvre aujourd'hui jeudi 8 mars à Bruxelles. Pour son dernier sommet européen, Jacques Chirac semble décidé à ce que les Vingt-sept s'engagent à recourir au nucléaire pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.
Réduire de 20% d'ici à 2020 les émissions de gaz à effet de serre de l'Union Européenne (UE) par rapport à leur niveau de 1990 : tel est le grand principe sur lequel les gouvernements des Vingt-sept sont tombés d'accord ces dernières semaines. Cet «engagement ferme et indépendant» comme on peut le lire dans le projet de conclusions doit être entériné lors du Conseil européen du 8 et du 9 mars. L'Union européenne rendra également obligatoire à cet horizon l'incorporation d'au moins 10% de biocarburants dans les carburants utilisés par les voitures automobiles. Le consensus s'arrête là.
Reste à savoir la manière dont l'UE entend lutter contre le réchauffement climatique. L'Allemagne, qui préside le Conseil de l'Union européenne jusqu'en juin est déterminée à fixer un objectif contraignant de 20% d'énergies renouvelables –contre 7% à ce jour sous forme solaire, éolien, hydraulique ou biomasse- à atteindre d'ici à 2020 et une quinzaine de pays, tels que l'Espagne, le Danemark, le Royaume-Uni, la Suède, soutiennent cette proposition. Une dizaine de pays, dont la France, s' y opposent. Ils plaident pour un seuil de 40 à 45% d'énergie «non carbonée» dans lequel ils intègrent le nucléaire. Parmi eux se trouvent la Finlande et la République tchèque qui misent sur cette énergie, et la plupart des nouveaux Etats membres, pour lesquels une règle trop stricte serait coûteuse.
Inclure le nucléaire dans des «énergies pauvres en carbone» signifierait que des aides pourraient être accordées à de nouvelles installations nucléaires, dans les pays d'Europe centrale et orientale, en particulier. L'économie française repose sur le nucléaire-dont 80% de la production d'électricité vient du nucléaire. En revanche, la coalition au pouvoir en Allemagne est fondée en partie sur l'engagement des dirigeants à poursuivre un démantèlement des centrales nucléaires existantes. D'où ce délicat bras de fer entre Paris et Berlin.
Pour certains pays, dont l'Irlande et l'Autriche, ce débat qui se prépare au Conseil européen est des plus malvenus. «Nous ne croyons pas qu'il soit utile d'avoir un débat sur le nucléaire au Conseil», a prévenu Ursula Plassnik, ministre autrichien des Affaires étrangères.
Pour les députés verts européens, l'attitude de la France s'apparenterait même à du «chantage». «L'insistance de la France pour inclure une référence à des sources d'énergies domestiques faibles en carbone, parmi lesquelles les renouvelables, comme prix» de son accord, reviendrait à lui donner un véritable chèque en blanc sur le nucléaire», ont-ils réagi dans un communiqué.
Quant aux ONG, comme le Réseau action climat (Rac) et ses associations membres, cette position est jugée «inacceptable». «La France tente encore une fois d'imposer à ses partenaires européens un modèle dangereux et dépassé. L'hypocrisie de la position française est totalement à l'opposé de sa prétention à mobiliser la communauté internationale sur le climat», dénonce ainsi Anne Bringault, directrice des Amis de la terre.
L'UE parviendra- t- elle à surmonter ce blocage lors du sommet du 8 et 9 mars? «Je ne fonderais pas des espoirs trop élevés sur la possibilité de faire un pas en avant supplémentaire gigantesque», déclarait mardi 6 mars un responsable allemand.
© The Council of the European Union
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