Biocoop condamnée pour dénigrement de pommes pesticidées
Le 14 octobre 2016 par Marine Jobert

Alors que s’ouvre un procès factice contre Monsanto, la société Biocoop a été récemment condamnée pour avoir dénigré les pommes traitées avec des pesticides de synthèse. Cette défaite juridique sonne comme une victoire médiatique, puisque la cause d’une agriculture sans chimie gagne encore en notoriété.
L’affaire s’est jouée en juin dernier devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, spécialisée dans les affaires de presse. Face à face, Biocoop leader de la distribution alimentaire biologique, et trois organisations[1] défendant les intérêts de la filière des fruits et légumes conventionnels. Enjeu du procès, une campagne de publicité diffusée en septembre 2014: une pomme bien verte et bien lisse d’un côté et tout un barnum de fûts et de fumées toxiques inquiétants de l’autre, le tout barré d’un inquisiteur «N'achetez pas de pommes (traitées chimiquement)» et assorti de références au nombre de traitements subis en moyenne par une pomme, chiffres de l’Institut national pour la recherche agronomique à l’appui (Inra).
Données exactes
Dans une tentative de bloquer la campagne, les organisations de fruits et légumes avaient alors attaqué sur le fond la publicité. En vain, puisque les informations étaient fondées. Déboutées en référé, l’audience sur la forme leur a donné raison, puisque le tribunal a estimé le 21 septembre dernier que, «indépendamment du caractère exact des données chiffrées relatives aux traitements appliqués», la campagne reposait «non pas sur la valorisation des pommes issues de l'agriculture biologique, mais au contraire sur le dénigrement de celles issues des autres filières, aux fins de dissuader les consommateurs d'acheter ces fruits».
Condamnation utile
Biocoop ne fera pas appel: «Notre intention première n’était pas d’être dénigrant à l’égard de l’agriculture traditionnelle», assure Patrick Marguerie, son directeur de la communication. Mais la décision, même si elle est défavorable à la coopérative, n’est pas pour lui déplaire. Car si le tribunal condamne en droit, il confirme et légitime les arguments avancés par le réseau de 382 magasins, qui se vit comme un «lanceur d’alerte». Les autres secteurs de l’industrie attaqués frontalement par Biocoop lors de la même campagne s’étaient, eux, contentés de courriers courroucés. «Je ne suis pas persuadé que ce procès ait servi nos adversaires, mais à diffuser nos idées auprès des Français, c’est certain», conclut Patrick Marguerie.
[1] Interprofessionnelle des fruits et légumes frais (Interfel); Association nationale pommes poires (ANPP); Fédération nationale des producteurs de fruits (FNPF)
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