Agriculture, urbanisation: la biodiversité locale à un tournant
Le 01 avril 2015 par Romain Loury
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Depuis l’an 1500, le changement d’usage des sols a fait disparaître 13,6% des espèces animales et végétales au niveau local, révèle une grande étude publiée mercredi 1er avril dans la revue Nature. Et selon nos choix environnementaux, la biodiversité pourrait encore reculer de 3,4% ou augmenter de 1,9% d’ici la fin du siècle.
Reposant sur 284 études publiées, la méta-analyse menée par l’équipe d’Andy Purvis, du Muséum d’histoire naturelle de Londres, est la plus ambitieuse jamais effectuée au sujet de l’impact de l’usage des sols sur la biodiversité. Grâce à ces divers travaux, les chercheurs ont pu évaluer le statut de près de 27.000 espèces et 11.500 sites à travers le monde, analysant l’état de la biodiversité locale selon le degré d’usage par l’homme.
Selon une extrapolation à la planète, le nombre d’espèces à l’échelon local a reculé en moyenne de 13,6% depuis le règne de Louis XII, baisse particulièrement prononcée aux 19ème et 20ème siècles. Toutes espèces confondues, le nombre d’organismes a diminué de 10,7%. C’est en Eurasie, en Amérique du Nord et dans les grands pays du Sud (Inde, Chine, Indonésie et Brésil) que la perte a été la plus marquée.
Jusqu’à trois quarts des espèces en moins
Sans surprise, les sites désormais les plus urbanisés sont ceux où la biodiversité a le plus reculé ces derniers siècles, avec une baisse moyenne de 76,5% du nombre d’espèces et de 39,5% du nombre d’organismes. Et c’est sans compter l’effet du réchauffement climatique et des espèces invasives, que les chercheurs n’ont pu intégrer dans leurs calculs.
Dans un système «business as usual», la biodiversité locale va continuer à s’éroder, avec une baisse de 3,4% du nombre d’espèces d’ici 2095, en premier lieu dans les pays du Sud à forte biodiversité. Mais le combat n’est pas perdu d’avance: en préservant la forêt primaire, en replantant des arbres, et en réfrénant nos appétits énergétiques, la biodiversité locale pourrait augmenter de 1,9% d’ici la fin du siècle, conclut l’équipe.
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